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On s’y fait.
Même à cette bataille contre la sonnerie du réveil. Il n’y a jamais de vainqueur à cette bataille. C’est pour ça qu’on est toujours en guerre. Le truc pour s’en sortir, c’est de se dire qu’il y aura bien un moment où on sera debout, à défaut d’être réveillé. C’est vrai, on peut quand même bien compter sur X années d’expérience sur la question. Sans trop savoir comment, on finit par se retrouver debout, et officiellement prêt. La machine à routine est en route.
Bientôt X années de batailles… c’est quand même pas toutes les guerres qui peuvent se vanter d’être aussi longues. Sans déconner, être toujours vivant après tout ce temps, à défaut d’être vraiment réveillé, c’est déjà pas si mal.
L’heure de la pollution a sonné. Postposant celle de la réflexion, le moteur se met en route, et cette route défile sous mes yeux. Un mur de véhicules se rapproche, puis s’arrête. La route aussi. Puis elle reprend. Puis elle s’arrête. Puis elle reprend. Alternance de souplesse et d’à-coups, semblable à un apprenti accordéoniste sur du Piazzolla.
La route s’est arrêtée pour de bon. Le véhicule ne véhicule plus rien. Tout est rentré dans l’ordre. C’est l’heure des rails, puis des chaussures.
Et là, immobilisant le décor pour de bon, le bureau.
Aujourd’hui encore, on a vaincu les kilomètres. Aujourd’hui encore, la routine a gagné.
C’est aujourd’hui que je fais le choix. Il se portera sur la même solution à essence qu’hier. Un choix facile, il me faut bien l’admettre.
D’abord les mails. Qu’est-ce qui est urgent, qu’est-ce qu’on doit noter, qu’est-ce qu’on peut traiter facilement, qu’est-ce qu’on peut laisser pisser.
Combien de temps il reste avant le prochain meeting? Ah oui, ce machin avec lui, là. Bon on voit bien où il veut en venir. Va falloir gérer le bazar. Mais ça va, on a l’habitude.
Ne jamais dire ‘salusava’. Simplement saluer, et éventuellement prendre des nouvelles. En tout cas, laisser le temps à l’autre de se raconter s’il le souhaite. Qui sait ce qu’il a envie de partager ? La routine perd les jours où on ne s’y attend pas.
Retour case départ.
Je me lance dans un exercice difficile. Celui de considérer la beauté de la symétrie dans une autoroute. Il y a vraiment quelque chose, pourtant. Contrastes de couleurs, alternances de noir et de blanc. Une tentative de perfection. Un modèle répliqué à l’infini.
Et cette victoire de l’homme sur l’impossible. Pendant des kilomètres et des kilomètres.
Tiens, je suis déjà arrivé ? Ca reste incroyable tous les jours d’être presque téléporté par l’effet de la science.